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de Robinson Crusoé.

blessés, qui étoient encore en état de combattre, en devenoient plus furieux, & qu’ils étoient plus à craindre que les autres.

Lorsque nos gens commencèrent leur retraite, ils laissèrent leurs morts sur le champ de bataille, & les sauvages maltraitèrent ces cadavres de la manière du monde la plus cruelle, leur cassant les bras, les jambes et la tête, avec leurs massues & leurs sabres de bois, comme de vrais barbares qu’ils étoient.

Voyant que nos gens s’étoient retirés, ils ne songèrent pas à les suivre ; mais s’étant rangés en cercle, selon leur coutume, ils poussèrent deux grands cris en signe de victoire. Leur joie fut pourtant modérée, peu après, par plusieurs de leurs blessés, qui tombèrent à terre, & qui perdirent la vie à force de perdre du sang.

Le gouverneur ayant retiré sa petite armée sur un tertre un peu élevé, Atkins, tout blessé qu’il étoit, fut d’avis qu’on marchât, & qu’on donnât de nouveau avec toutes les forces unîes. Mais le gouverneur lui répliqua : » Seigneur Atkins, vous voyez de quelle manière désespérées leurs blessés combattent ; laissons-les en repos jusqu’à demain ; tous ces malheureux seront tous roides de leurs blessures, ils seront trop affoiblis par la perte de leur sang, pour en venir