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Les aventures

s’imaginoient que c’étoient les dieux qui les tuoient par le tonnerre & par la foudre. Mais Guillaume Atkins s’arrêtant-là pour recharger de nouveau, les tira d’erreur. Quelques-uns des ennemis les plus éloignés, le découvrirent, & le vinrent prendre par derrière, & quoiqu’Atkins fît encore feu sur ceux-là deux ou trois fois, & qu’il en tuât une vingtaine, il fut cependant blessé lui-même ; un de ses gens anglois fut tué à coup de flèches, & le même malheur arriva quelque tems après à un Espagnol, & à un des esclaves qui étoient venus dans l’île avec les épouses des Anglois. C’étoit un garçon d’une bravoure étonnante ; il s’étoit battu en désespéré, & il avoit dépêché lui seul cinq ennemis, quoiqu’il n’eût d’autres armes qu’un bâton à deux bouts & une hache.

Nos gens étant pressés de cette manière-là, & ayant souffert une perte si considérable, se retirèrent vers une colline dans le bois, & les Espagnols, après avoir fait trois décharges, firent la retraite aussi.

Le nombre des ennemis étoit terrible, & ils se battoient tellement en désespérées, que, quoiqu’il y en eût une cinquantaine de tués & autant de blessés au moins, ils ne laissoient pas d’enfoncer nos gens sans se mettre en peine du danger, & leur envoyoient continuellement des nuées de flèches. On observa même que leurs