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de Robinson Crusoé.

étoient eux-mêmes, ils leur donneroient deux mousquets, un pistolet, un sabre & trois haches ; ce qui étoit tout ce qu’il leur falloit.

Les trois aventuriers acceptèrent l’offre. On leur donna du pain pour plus d’un mois, autant de chevreau frais qu’ils en pouvoient manger, pendant qu’ils seront bon ; un grand panier rempli de raisins secs, un pot rempli d’eau fraîche, & un jeune chevreau en vie. Avec ces provisions ils se mirent hardiment dans un canot, quoique le passage fût au moins large de quarante milles d’Angleterre.

Il est vrai que la barque étoit assez grande pour porter une vingtaine d’hommes ; & par conséquent, elle étoit plutôt embarrassante dans cette occasion, que trop petite ; mais comme ils avoient un vent frais & la marée favorable, ils la manièrent assez bien. Ils avoient mis, en guise de mât, une grande perche, avec une voile de quatre peaux de chèvres sechées & cousues ensemble. De cette sorte ils quittèrent le rivage de fort bonne grace, & les Espagnols leur souhaitèrent un bon voyage sans s’attendre à les revoir jamais.

Ceux qui étoient restés dans l’île, Anglois & Espagnols, ne pouvoient s’empêcher de se féliciter de tems en tems, de la manière paisible dont ils vivoient ensemble, depuis que ces gens