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de Robinson Crusoé.

& pour se mêler avec eux, afin de savoir leur dessein. Le bon vieillard l’entreprit volontier ; & s’étant mis nud comme la main, il partit dans le moment. Après deux heures d’absence, il vint rapporter qu’il avoit trouvé que c’étoient deux partis différens de deux nations qui étoien en guerre l’une contre l’autre ; qu’ils avoient donné une grande bataille dans leur pays, & qu’ayant fait quelques prisonniers de côté & d’autre, ils étoient venus par hasard dans la même île pour faire leur festin, & pour se divertir ; que dès qu’ils s’étoient découverts mutuellement, leur joie avoit été extrêmement troublée, & qu’ils paroissoient dans une si grande rage, qu’il ne falloit pas douter qu’ils ne se battissent de nouveau à l’approche du jour. Il n’avoit pas vu d’ailleurs la moindre apparence qu’ils soupçonnassent l’île d’être habitée, & qu’ils s’attendissent à y trouver d’autres gens que leurs ennemis. À peine ce bonhomme eut-il fini son rapport, qu’un terrible bruit fit comprendre à nos gens que les deux armées en étoient aux mains, & que le combat devoit être furieux.

Le père de Vendredi employa toute son éloquence à persuader à nos gens de se tenir en repose, & de ne pas se montrer. Il leur dit que c’étoit en cela seul que consistoit leur sûreté, que les sauvages ne manqueroient pas de se