Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
Voyages

politesses, ces fades complaisances, ne sauroient jamais les faire aimer. N’allez pas conclure de-là, belle Monime, que tous les hommes soient naturellement vicieux & méchans ; ceux-ci ne le sont devenus que par le besoin de satisfaire à une multitude de passions, qui sont l’ouvrage de leurs sociétés, ou le goût des modes ; celui de frivolité règne de toutes parts.

Mais ce n’est point aux habillemens somptueux, aux parures frivoles, ni aux discours étudiés, qu’on doit reconnoître les hommes ; ce n’est qu’à l’usage qu’ils osent faire de leur esprit & de leur raison. Ici l’habitude que chacun a contractée de ne jamais réfléchir sur rien, fait que le mensonge & l’erreur ont pris la place de la vérité qu’ils ont enfin rendue captive, & qui est regardée parmi ces peuples comme une malheureuse étrangère, qui ne rencontre chez eux que des disgraces & des contrariétés. Personne n’ose révéler ce qu’il pense & l’ancienne inimitié qui a toujours règné entre les talens & les richesses ne doit pas finir si-tôt. On peut dire que la sottise, entée sur le ridicule, se rencontre dans toute l’étendue de cette planète, & que ses habitans composent la nature de tout ce qui est contraire à la raison : on les voit chaque jour s’offrir en spectacles, se moquer les uns des