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chiffonnés, & de former enfin une figure du bon ton. Lorsqu’on est parvenu à ce dégré de perfection, on peut être admise à l’académie : ce sont des places qu’il faut briguer long-tems par l’immensité de bien qu’elles procurent à celles qui en sont revêtues : car je ne puis exprimer l’intérêt que prennent à leurs beautés tous les Lunaires en général, ni combien ils apportent d’attention pour se procurer de nouveaux agrémens ; rien ne leur coûte pour satisfaire leur vanité ; tout leur amour propre est renfermé dans les graces extérieures ; c’est d’elles dont ils tirent toute leur gloire : mais de chercher à acquérir des talens, à s’orner l’esprit en cultivant les sciences, à accorder des graces sans se les faire arracher, à secourir les malheureux, à rendre un cœur content, à combler une ame de joie, à prévenir d’extrêmes besoins, ou bien à y remédier, leur vanité ne s’étend pas jusques-là ; ils en sont incapables.

De tous les engagemens, celui qu’on contracte avec le moins de précaution dans tout le globe du monde Lunaire, c’est le mariage : chacun y saisit en aveugle le premier objet qui se présente ; & quelque défaut qu’il ait, pourvu qu’il soit riche, l’intérêt l’embellit ; c’est par lui seul que se forment toutes les convenances, ce