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de Milord Céton.

beaucoup des nôtres, vous conviendrez avec moi, que lorsqu’on n’est point animé par les honneurs, par les louanges, ni par aucun autre motif, le cœur d’un savant s’abbat, & le desir de se distinguer ne fait plus que languir.

À quoi sert, dira un homme de lettres, le soin que je me donne de travailler sans cesse, d’épuiser ma santé par des veilles, afin de procurer l’utilité du bien public, en voulant lui faire part des connoissances que je n’acquiers que par un travail assidu, si cet injuste public fait plus de cas d’un misérable malotru, engraissé du sang de la veuve & de l’orphelin, que de tous les savans du monde ; & si par un abus déplorable, les richesses font honorer un faquin qui à peine végète, tandis que le vrai mérite ne peut rendre le même service à un honnête homme ? C’est ce qui fait qu’on ne voit ici que des gens qui cultivent avec soin le puéril talent d’arranger des mots, où il n’est parlé que de sons, de cadences & d’harmonie, comme dans un opéra, lorsqu’on doit vraisemblablement s’attendre à y trouver des choses qui répondent au titre pompeux & intéressant sous lequel on les annonce : mais ces sons sont si doux, ces mots sont ajustés les uns aux autres d’une façon si singulière, si extraordinaire, qu’il faut un talent tout particulier pour exceller dans cet