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jour, regardent du haut de leur fatuité la simplicité d’un peuple qui les admire, & présentent aux yeux d’un spectateur raisonnable, s’il en est dans ce monde, un tableau vivant de leur folie.

Nous jettâmes nos regards sur ceux qui se promenoient à pied. Les hommes comme les femmes, ont une démarche affectée, pas cadencés & tortillés, tête au vent, nez en l’air, révérence en plongeon, souriant à des petits-maîtres, qui, une main sur la hanche, haussant une épaule, & baissant l’autre, regardent les femmes avec une lorgnette, en marmottant entre leurs dents quelques nouveaux couplets d’un vaudeville à la mode. D’autres en cheveux longs, qui descendent en pointe jusques sur les reins, n’osent donner aucuns mouvemens à leurs corps, dans la crainte de déranger un de ces cheveux, qu’ils croient, sans doute, que l’amour a attachés exprès pour captiver les femmes, qu’ils veulent bien honorer d’un de leurs regards, pourvu qu’elles se trouvent en face : car, semblables à des loups, ils ne peuvent tourner la tête, sans tourner tout le corps.


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