Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
de Milord Céton.

pas touché de la désolation d’un grand nombre de familles, du désespoir de la veuve & de l’orphelin ? Ah ! ciel, s’écria Damon, arrêtez, belle dame, on n’y résiste pas ; ce débat est d’un ténébreux qui obscurcit l’imagination, & quand vous auriez été payée pour faire l’oraison funèbre de tous ces pauvres défunts, vous ne vous en acquitteriez pas mieux : sur mon honneur, on n’a jamais vu personne porter si loin ses inquiétudes. Ah ! nous sommes plus raisonnables ; cette affaire est déja oubliée. Que voulez-vous ? Nous espérons bientôt avoir notre revanche. À propos, j’ai plusieurs couplets de chanson qu’il faut que je vous montre ; l’air en est très-joli, les rimes assez heureuses : ils ont été faits à l’arrivée du courier ; on les chante par-tout. Je suis désespéré de n’avoir pu vous les apporter hier ; ce n’est que la nouveauté qui plaît. Damon se mit à chanter ces couplets avec un enjouement qui auroit déconcerté la gravité d’un recteur.

Monime, loin d’applaudir à ces misères, en fut indignée. Comment, monsieur lui dit-elle, est-ce donc avec des chansons qu’un bon citoyen doit se consoler des malheurs de l’état ? Est-ce ainsi que les personnes d’un rang distingué s’occupent du soin de réparer des maux qui doivent accabler tous les peuples ? Vous, par exemple,