Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
de Robinson Crusoé.

& me pria de lui donner la hache. Je lui demandai ce qu’il en vouloit faire ? Et il me répondit : moi couper sa tête. Quoi qu’il en soit, cette exécution se trouva au-dessus de ses forces ; & il se contenta de lui couper une patte, qu’il apporta, & qui étoit d’une grosseur monstrueuse.

Je fis pourtant réflexion que sa peau pourroit bien ne nous être pas tout-à-fait inutile, & cela me fit résoudre à l’écorcher, si j’en pouvois venir à bout. Ainsi Xuri & moi nous nous mîmes après ; mais Xuri s’y entendoit le mieux de nous deux, & je savois fort peu comment m’y prendre. Cette opération nous occupa toute la journée ; mais aussi nous enlevâmes le cuir, & l’ayant étendu par-dessus notre cabane, le soleil le sécha en deux jours ; je m’en servis dans la suite en guise de matelas.

Au partir de-là, nous fîmes voile vers le Sud durant dix ou douze jours dans discontinuer, épargnant fort nos provisions, qui commençoient à diminuer, & ne prenant terre qu’autant de fois que nous en avions besoin pour aller chercher de l’eau. Mon dessein étoit de pouvoir parvenir à la hauteur de la rivière Gambia, autrement Sénéga, c’est-à-dire, aux environs du Cap-Vert, où j’espérois trouver quelque bâtiment Européen ; que si j’étois frustré de cette espérance, je ne savois quelle route prendre, si ce n’étoit de me mettre