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de Robinson Crusoé.

point de famille, & quoique riche, je n’avois pas fait beaucoup de connoissances.

Il est vrai que je m’étois défait de ma plantation dans le Brésil ; mais ce pays m’étoit encore cher ; j’avois sur-tout un desir violent de revoir mon île, & savoir si les Espagnols y étoient arrivés, & comment des scélérats que j’y avois laissés étoient avec eux.

Je n’exécutai pas pourtant ce dessein d’abord, & les conseils de ma bonne veuve firent assez d’effet sur mon esprit, pour me retenir encore sept ans dans ma patrie. Pendant ce tems-là, je pris sous ma tutelle mes deux neveux, fils de mon frère : l’aîné avoit quelque bien, ce qui me détermina à l’élever comme un homme de famille, & à faire en sorte qu’après ma mort il eût de quoi soutenir la manière de vivre que je lui faisois prendre. Pour l’autre, je le confiai à un capitaine de vaisseau, & le trouvant, après cinq années de voyages, sensé, courageux & entreprenant, je lui confiai un vaisseau à lui-même. On verra dans la suite que ce même jeune homme m’a engagé dans de nouvelles aventures malgré mon âge qui devoit m’en détourner.

Je m’étois marié cependant d’une manière avantageuse & satisfaisante, & je me trouvois père de trois enfans ; savoir, de deux garçons &