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de Robinson Crusoé.

nous avions entendu tirer un coup de fusil ; car nous en trouvâmes un déchargé à terre auprès de lui, & nous le vîmes lui-même tout défiguré, la tête & le haut du corps ayant été déjà rongés jusqu’aux os.

Ce spectacle nous remplit d’horreur, & nous ne savions pas de quel côté nous tourner, quand ces abominables bêtes nous forcèrent à prendre une résolution, en avançant sur nous de tous côtés au nombre de trois cent tout au moins.

Par bonheur nous découvrîmes tout près du bois plusieurs grands arbres abattus, apparemment pendant l’été, pour servir à la charpente. Je plaçai ma petite trouve au beau milieu, après lui avoir fait mettre pied à terre, & je l’arrangeai en forme de triangle devant le plus grand de ces arbres qui pouvoit lui servir de rempart.

Cette précaution ne nous fut pas inutile ; car ces loups endiablés nous chargèrent avec une fureur inexprimable & avec des hurlemens capables de faire dresser les cheveux, comme s’ils tomboient sur une proie assurée ; & je crois que leur rage étoit sur-tout animée par la vue des chevaux que j’avois fait placer au milieu de nous. J’ordonnai à mes gens de tirer de la même manière qu’ils avoient fait dans la première rencontre, & ils l’exécutèrent si bien qu’ils firent tomber un bon nombre de nos ennemis par la