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de Robinson Crusoé.

livres sterling, & pour l’assûrer que pendant ma vie elle ne manqueroit jamais de rien. En même tems j’envoyai cent livres sterling à chacune de mes sœurs, qui vivoient à la campagne, & qui, quoiqu’elles ne fussent pas dans une nécessité absolue, étoient bien éloignées pourtant d’être à leur aise, l’une étant veuve, & l’autre ayant son mari dont elle n’avoit pas lieu d’être contente. Mais parmi tous mes parens, toutes mes connoissances, je ne trouvai personne à qui confier le gros de mes affaires, d’une manière à être tranquille là dessus, avant que de passer dans le Brésil, ce qui me donna bien de l’inquiétude.

J’avois assez d’envie quelquefois de m’établir entièrement dans le Brésil, où j’étois comme naturalisé ; mais j’étois retenu par quelques scrupules de conscience. Il est bien vrai qu’autrefois j’avois eu assez peu de délicatesse pour professer extérieurement la religion dominante du pays, & que je ne voyois pas encore qu’il y eût là un si grand crime ; mais pourtant, y pendant plus mûrement, je jugeois qu’il n’étoit pas sûr pour moi de mourir dans une pareille dissimulation, & je me repentois d’en avoir jamais été capable.

Cependant, ce n’étoit pas là le plus grand obstacle qui s’opposoit à mon voyage ; c’étoit, comme j’ai déjà dit, la difficulté que je trouvois à dis-