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Les aventures

sûreté. Je n’avois plus cette grotte où je pouvois conserver mon trésor sans serrure & sans clef, & où il pouvoit se rouiller dans un long repos sans être utile à personne. Il est vrai que le vieux capitaine étoit un homme parfaitement intègre ; c’étoit là aussi mon unique ressource. Ce qui augmentoit mon embarras, c’est que mon intérêt m’appeloit dans le Brésil, & que je ne pouvois pas songer à entreprendre ce voyage, avant d’avoir mis mon argent comptant en mains sûres ; je pensai d’abord à ma bonne veuve, dont l’intégrité m’étoit connue ; mais elle étoit déjà avancée en âge, mal dans ses affaires, & peut-être endettée. Ainsi, il n’y avoit pas d’autre parti à prendre que de retourner en Angleterre, & de prendre mes effets avec moi.

Plusieurs mois s’écoulèrent pourtant avant de prendre une résolution fixe là-dessus, & pendant ce tems là, après avoir satisfait pleinement aux obligations que j’avois au vieux capitaine portugais, je pensai aussi à témoigner ma reconnoissance à ma pauvre veuve, dont le mari avoit été mon premier bienfaiteur, & qui elle-même avoit été ma fidelle gouvernante, & la sage directrice de mes affaires. Dans ce dessein je trouvai un marchand à Lisbonne, à qui je donnai ordre d’écrire à son correspondant à Londres, de chercher cette bonne femme pour lui donner de ma part cent