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de Robinson Crusoé.

sus tous ensemble ; mais mon dessein étoit de les prendre à mon avantage, afin d’en tuer le moins qu’il me seroit possible, & de ne pas hasarder la vie d’un seul d’entre nous. Je résolus donc d’attendre, dans l’espérance qu’ils se sépareroient ; & pour qu’ils ne s’échapassent pas, je fis approcher davantage mon embuscade, & j’ordonnai à Vendredi & au capitaine de se traîner à quatre pieds pour se placer aussi près d’eux qu’il seroit possible, sans se découvrir.

Ils n’avoient pas été long-tems dans cette posture, quand le Bosseman, le chef principal de la mutinerie, & qui se montroit dans son malheur plus lâche & plus désespéré qu’aucun autre, tourna ses pas vers ce côté-là avec deux autres. Le capitaine étoit si passionné contre ce scélérat, qu’il avoit de la peine à le laisser approcher assez pour en être sûr : il se retint pourtant ; mais après s’être donné encore un peu de patience, il se lève tout d’un coup avec Vendredi & fait feu dessus.

Le Bosseman fut tué sur la place ; un autre fur blessé dans le ventre, mais il n’en mourut que deux heures après, & le troisième gagna au pied.

Au bruit de ces coups j’avançai brusquement avec toute mon armée, qui consistoit en huit hommes. J’étois moi-même généralissime : Ven-