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de Robinson Crusoé.

Je savois que la chaloupe ne pouvoit pas être à flot avant dix heures du soir, qu’alors il feroit obscur, & que je pourrois en sûreté observer leur discours.

En attendant, je me préparois pour le combat, mais avec plus de précaution que jamais, persuadé que j’aurois affaire avec d’autres ennemis que par le passé. J’ordonnai à Vendredi d’en faire de même, & je m’en promettois de grands secours, puisqu’il tiroit d’une justesse étonnante ; je lui donnai trois mousquets, & je pris moi-même deux fusils. Ma figure étoit effroyable ; j’avois sur la tête mon terrible bonnet de peau de chèvre ; à mon côté pendoit mon sabre tout nud, & j’avois deux pistolets à ma ceinture, & un fusil sur chaque épaule.

Mon dessein étoit de ne rien entreprendre avant la nuit ; mais sur les deux heures, au plus chaud du jour, je trouvai que mes drôles étoient allés tous dans les bois, apparemment pour s’y reposer ; & quoique les prisonniers ne fussent pas en état de dormir, je les vis pourtant qui s’étoient couchés à l’ombre d’un grand arbre assez près de moi, & hors de la vue des autres.

Là-dessus je résolus de me découvrir à eux pour être instruit de leur situation : & dans le moment je me mis en marche, Vendredi me suivant