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de Robinson Crusoé.

je m’étois mis à terre pour les charger de nouveau, je vis un combat très-vigoureux entre l’espagnol & un des sauvages, qui étoit allé sur lui avec un de ces sabres de bois qui avoient été destinés à le priver de la vie, si je ne l’avois empêché. L’espagnol, qui, bien que foible, étoit aussi brave & aussi hardi qu’il est possible de l’être, avoit déjà combattu l’indien pendant quelque tems, & lui avoit fait deux blessures à la tête, quand l’autre l’ayant saisi par le milieu du corps, le jeta à terre, & fit tous ses efforts pour lui arracher mon épée. L’espagnol ne perdit pas son sang-froid dans cette extrémité ; il quitta sagement le sabre, mit la main au pistolet, & tua son ennemi sur le champ. Vendredi qui n’étoit plus à portée de recevoir mes ordres, se voyant en pleine liberté, poursuivit les autres sauvages avec sa hache, de laquelle il dépêcha d’abord trois de ceux qui avoient été jetés à terre par nos décharges, & ensuite tous les autres qu’il put attraper. De l’autre côté, l’Espagnol ayant pris un de mes fusils, se mit à la poursuite de deux autres qu’il blessa tous deux ; mais comme il n’avoit pas la force de courir, ils se sauvèrent dans le bois, où Vendredi en tua encore un : pour le second, qui étoit d’une agilité extrême, il lui échappa, se jeta à corps perdu dans la mer, & gagna à la nage le canot, où il y avoit trois de ses camarades, dont l’un,