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de Robinson Crusoé.

s’en est-il fait, qu’il se jette sur son ennemi, & lui tranche la tête d’un seul coup, aussi vîte & aussi adroitement que pourroit le faire le plus habile bourreau de toute l’Allemagne. C’étoit pourtant la première fois de sa vie qu’il avoit vu une épée, à moins qu’on ne veuille donner ce nom aux sabres de bois, qui sont les armes ordinaires de ces peuples. J’ai pourtant appris dans la suite, que ces sabres sont d’un bois si dur & si pesant, & qu’ils savent si bien les affiler, que d’un seul coup ils font voler de dessus un corps, la tête avec les épaules.

Après avoir fait cette expédition, il revint à moi en sautant, & en faisant des éclats de rire pour célébrer son triomphe, & avec mille gestes dont j’ignorois le sens, il mit mon sabre à mes pieds, avec la tête du sauvage.

Ce qui l’embarrassa extraordinairement, c’étoit la manière dont j’avois tué l’autre Indien à une si grande distance, & me le montrant, il me demanda par signes la permission de le voir de près. En étant tout proche, sa surprise augmente, il le regarde, le tourne tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; il examine la blessure que la bale avoit faite justement dans la poitrine, & qui ne paroissoit pas avoir saigné beaucoup, à cause que le sang s’étoit répandu en dedans. Après avoir considéré cela assez de tems, il revint à moi avec l’arc