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de Robinson Crusoé.

saut ; je rêvois que je tuois des sauvages, & que je pesois les raisons qui m’autorisoient à ce carnage.

C’étoit à-peu-près le milieu du mois de Mai, (selon le poteau où je marquois chaque jour, qui me servoit de calendrier,) lorsqu’il fit une tempête terrible, accompagnée de tonnerre & d’éclairs. La nuit suivante ne fut pas moins épouvantable, & dans le tems que j’étois occupé à lire dans la bible, & à faire de sérieuses réflexions sur ma lecture, je fus surpris d’un bruit semblable à celui d’un coup de canon tiré en mer.

Cette surprise étoit bien différent de toutes celles qui m’avoient saisi jusqu’alors ; je me levai avec tout l’empressement possible, & en moins de rien je parvins au haut du rocher, par le moyen de mes échelle. Dans le même moment une lumière me prépara à entendre un second coup de canon, qui frappa mes oreilles une demi-minute après, & dont le son devoit venir de ce côté de la mer, où j’avois été emporté dans ma chaloupe par les courans.

Je jugeai d’abord que ce devoit être quelque vaisseau en péril, qui, par ces signaux, demandoit du secours à quelqu’autre bâtiment qui alloit avec lui de conserve. Je songeai là-dessus que, si j’étois incapable de lui donner du secours, il m’en pouvoit donner peut-être à moi, & dans