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de Robinson Crusoé.

chrétiens qui dans un combat font passer sans quartier au fil de l’épée des troupes entières de leurs ennemis, quoiqu’ils aient mis bas les armes.

Enfin, supposé que rien ne soit plus criminel que la brutalité de ces peuples, ce n’étoit pas mon affaire ; ils ne m’avoient jamais offensé personnellement : & ce que j’entreprenois, ne pouvois être excusé que par la nécessité de me défendre moi-même contre leurs attaques, desquelles je n’avois rien à craindre, ces gens ne me connoissant pas seulement, bien loin de former des desseins contre ma vie ; en former contre la leur, c’étoit justifier la barbarie par laquelle les Espagnols avoient détruit des millions d’Africains qui, bien que barbares & idolâtres, coupables des cérémonies les plus horribles, comme celle, par exemple, d’immoler des hommes à leurs idoles, étoient pourtant un peuple fort innocent par rapport à leurs bourreaux.

Aussi est-il très-certain que les Espagnols eux-mêmes conspirèrent avec tous les autres chrétiens à parler de cette destruction, comme d’un carnage abominable qu’il n’est pas possible de justifier, ni devant Dieu, ni devant les hommes. Le nom même d’Espagnol est devenu par-là terrible à tous les peuples ; comme si le royaume d’Espagne produisoit une race parti-