Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
de Robinson Crusoé.

plusieurs mois à mettre ce retranchement dans sa perfection ; je n’eus point de repos avant de le voir fini.

Cet ouvrage étant achevé, je remplis un grand espace de terre, hors du rempart, de rejetons d’un bois semblable à de l’osier, propre à s’affermir & à croître de tems en tems. Je crois que j’en fichai dans la terre, en une seule année, plus de vingt mille, de manière que je laissois un vide assez grand entre ces bois & mon rempart, afin de pouvoir découvrir l’ennemi, & qu’il ne pût me dresser des embuscades au milieu de ces jeunes arbres.

Deux ans après ils formoient déjà un bocage épais ; & dans six ans j’avois devant ma demeure une forêt d’une telle épaisseur & d’une si grande force, qu’elle étoit absolument impénétrable, & qu’ame qui vive, ne se seroit mis dans l’esprit qu’elle cachât l’habitation d’une créature humaine.

Comme je n’avois point laissé d’avenue à mon château, je me servois pour y entrer & pour en sortir de deux échelles ; avec la première je montois jusqu’à un endroit du roc, où il y avoit place pour poser la seconde, & quand je les avois retirées l’une & l’autre, il n’étoit pas possible à ame vivante de venir à moi, sans courir les plus grands dangers. D’ailleurs quand quelqu’un auroit