Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
Les aventures

terreur, il n’auroit pas été si simple que de laisser des vestiges si équivoques dans un lieu ou il y avoit dix mille à parier contre un, que je ne le verrois pas ; dans un lieu qui, sablonneux, ne pouvoit pas conserver long-tems ces marques qui y étoient imprimées. En un mot la conjecture que Satan avoit fait cette marque, ne pouvoir pas s’accorder avec les idées que nous avons de sa subtilité & de son adresse.

Toutes ces preuves étoient plus que suffisantes pour détourner mon esprit de la crainte du diable, & pour me faire conclure que des êtres encore plus dangereux étoient la cause de ce que je venois d’appercevoir : je m’imaginois que ce ne pouvoit être que des sauvages du Continent, qui ayant mis en mer avec leurs canots, avoient été portés dans l’île par les vents contraires, ou par les courans & qui avoient eu aussi peu d’envie de rester sur ce rivage désert, que j’en avois de les y voir.

Pendant que ces réflexions rouloient dans mon esprit, je rendois graces au ciel de ce que je n’avois pas été alors dans cet endroit de l’île, & de ce qu’ils n’avoient pas remarqué ma chaloupe, d’où ils auroient certainement conclu, que l’île étoit habitée ; ce qui les auroit pu porter à me chercher & à me découvrir.

Dans certains momens je m’imaginois que ma