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Les aventures

pourrois transporter mon canot dans la baie qui étoit près de ma maison ; l’y conduire par mer, c’étoit trop risquer ; je connoissois les dangers qu’il y avoit du côté de l’est, & je n’osois me hasarder à prendre la route de l’ouest : je résolus donc de côtoyer les rivages de l’ouest ; j’espérois d’y rencontrer quelque baie pour y mettre mon canot, afin que je le pusse retrouver en cas de besoin. J’en trouvai une après avoir côtoyé l’espace d’une lieue ; elle me paroissoit fort bonne, & alloit en se retrécissant jusqu’à un petit ruisseau qui s’y déchargeoit. J’y mis mon canot : je ne pouvois pas souhaiter de meilleur havre pour ma frégate. On auroit dit qu’il avoit été travaillé exprès pour la contenir.

Je m’occupai ensuite à reconnaître où j’étois : je vis que je n’étois pas éloigné de l’endroit où j’avois été lorsque je traversai mon île. Ainsi, laissant toutes mes provisions dans le canot, hors le fusil & le parasol, car il faisoit fort chaud, je me mis en chemin. Quoique je fusse très-fatigué, je marchai néanmoins avec assez de plaisir : j’arrivai sur le soir à la vieille treille que j’avois faite autrefois. Tout y étoit dans le même état ; je l’ai depuis toujours cultivée avec beaucoup de soin ; c’étoit, comme j’ai dit, ma maison de campagne.

Je sautai la haie, & me couchai à l’ombre, car