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Les aventures

dans toute sa force, les eaux en étoient sales, & elles devenoient claires à mesure qu’il diminuoit. Je rencontrai à un demi-mille plus loin (c’étoit à l’est), un brisement de mer causé par quelques rochers. Ces rochers partageoient le courant en deux. La plus grande partie s’écouloit par le sud, laissant les rochers au nord-est ; l’autre étant repoussée par les rocs, portoit avec force vers le nord-ouest.

Ceux qui ont éprouvé ce que c’est que recevoir sa grace dans le tems qu’on alloit les exécuter, ou d’être sauvés de la main des brigands qui alloient les égorger, sont les seuls capables de concevoir la joie que je ressentis alors. Il est difficile de comprendre l’empressement avec lequel je mis à la voile, & profitai du vent qui m’étoit favorable, & du courant de la barre dont j’ai parlé.

Ce courant me servit pendant une heure de tems ; il portoit droit vers mon île, c’est-à-dire deux lieues plus au nord que le courant qui m’en avoit auparavant éloigné. Ainsi, lorsque j’arrivai près de l’île, j’étois dans la partie de l’île qui étoit opposée à celle d’où j’étois parti.

J’étois présentement entre deux courans, l’un du côté sud, c’est celui qui m’avoit emporté ; & l’autre du côté du nord, qui en étoit éloigné de