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Les aventures

sec & avancé dans la mer d’une demi-lieue ; tellement que pour doubler cette pointe, j’étois obligé d’aller bien avant dans la mer.

À la première vue de toutes ces difficultés j’allois renoncer à mon entreprise, fondé sur l’incertitude soit du grand chemin qu’il me faudroit faire, soit de la manière dont je pourrois revenir sur mes pas. Je revirai même mon canot, & me mis à l’ancre : car j’ai oublié de dire que je m’en étois fait une d’une pièce rompue d’un grapin que j’avois sauvée du vaisseau.

Mon canot étant en sûreté, je pris mon fusil & je débarquai, puis je montai sur une petite éminence, d’où je découvris toute cette pointe & toute son étendue : ce qui me fit résoudre à continuer mon voyage.

Entr’autres observations néanmoins que je fis sur la mer de ces endroits, j’observai un furieux courant qui portoit à l’est, & qui touchoit la pointe de bien près. Je l’étudiai donc autant que je pus ; car j’avois raison de craindre qu’il ne fût dangereux, & que, si j’y tombois, il ne me portât en pleine mer, d’où j’aurois eu peine à regagner mon Isle. La vérité est que les choses seroient arrivées comme je le dis, si je n’eusse eu la précaution de monter sur cette petite éminence ; car le même courant régnoit de l’autre côté de l’Isle, avec cette différence cependant qu’il s’en écartoit