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de Robinson Crusoé.

jamais de joie qui égalât celle que je ressentis, lorsque je vis que j’avois fait un pot qui souffriroit le feu. Et à peine avois-je eu la patience d’attendre que mes vases fussent refroidis, lorsque j’en mis un sur le feu avec de l’eau dedans, pour faire bouillir de la viande ; ce qui me réussit parfaitement bien ; car un morceau de bouc que j’avois mis dans le pot, me fit un bon bouillon, quoique je manquasse de gruau, & de plusieurs autres ingrédiens semblables, pour le rendre aussi parfaitement bon que je l’aurois souhaité.

La chose que je desirois avec le plus d’ardeur après celle-là, c’étoit de me pourvoir d’un morceau de pierre, où je pusse piler ou battre du blé : car pour ce qui est d’un moulin, c’est une chose qui requiert tant d’art, qu’il ne m’entra pas seulement dans l’esprit d’y pouvoir atteindre. J’étois bien intrigué pour trouver comment je suppléerois à un besoin si indispensable ; en effet le métier de tailleur de pierre, est de tous les métiers celui pour lequel je me sentois le moins de talent ; outre que je n’avois aucun des outils qu’on y emploie£. Je cherchai pendant plusieurs jours une pierre qui fût assez grosse, & qui eût assez de diamètre pour la pouvoir creuser, ou pour en faire un mortier, mais je n’en trouvai aucune dans toute l’isle, excepté ce que