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Les aventures

tres choses : la parole de Dieu avoit part à mes occupations journalières ; & de cette source émanoient toutes les consolations dont mon état présent avoit besoin. Un matin que j’étois fort triste, je pris la Bible ; & à l’ouverture du livre, je lus ces paroles : Non, non, je ne te délaisserai ni ne t’abandonnerai jamais. Il me sembla d’abord que ces paroles s’adressoient à moi, & je ne voyois pas autrement que de telles paroles pussent être tirées d’un volume immense, & à point nommé, dans le tems que je deplorois mon sort comme une personne abandonné de Dieu & des hommes. « Eh bien ! dis-je alors, si Dieu ne me délaisse point, que m’importe-t-il que tout le monde me délaisse ou non ; puisque, d’un côté, si je possédois tout le monde & que je vinsse à perdre la faveur & la grace de Dieu, mon gain, hélas ! seroit un néant, & ma perte irréparable ? »

Dès ce moment-là, je conclus en moi-même, qu’il étoit possible que je vécusse plus heureux dans cet état de solitude, que je ne serois probablement dans le commerce du monde, & dans quelque profession que ce pût être. Dans la chaleur de cette réflexion, j’allois me disposer à rendre grace à Dieu, comme d’un bienfait singulier, de m’avoir bien voulu amener en un tel lieu.