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Les aventures

étoit revenue. Le 30 Septembre étant l’anniversaire de mon abord dans l’Isle où j’étois depuis deux ans, & d’où je n’avois pas plus d’espérance de pouvoir sortir que le premier jour que j’y avois passé, je l’observai d’une manière aussi solemnelle que je l’avois fait l’année précédente. Je m’occupai tout le jour à m’humilier devant dieu, & à reconnoître sa miséricorde infinie, qui vouloit bien donner à ma vie solitaire des adoucissemens sans lesquels elle m’auroit été insupportable. Je remerciois humblement & de bon cœur sa divine providence de s’être manifestée à moi, & de m’avoir fait connoître que dans cette solitude je pouvois être heureux, & même plus heureux que dans une vie libre, où j’aurois à souhait le plaisir du monde & de la société ; de ce qu’il me dédommageoit abondamment des maux que je souffrois & qu’il suppléoit aux biens qui me manquoient, par la présence, par la communication de sa grace, m’assistant, me consolant, m’encourageant à attendre sa protection pour la vie présente, & une félicité sans bornes pour celle qui est à venir.

C’est alors que je reconnus plus sensiblement que je n’avois encore faot, que la vie que je menois, étoit, avec ces circonstances, plus heureuse que celle que j’avois menée pendant tout le cours de ma vie passée, durant laquelle je m’étois abandonné à toutes sortes de méchancetés &