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de Robinson Crusoé.

& je fus bien avisé de m’y prendre aussi-tôt : autrement les pluies qui survinrent les auroient entièrement gâtés, & m’auroient fait perdre mes meilleures provisions d’hiver ; car j’avois plus de deux cens grappes. Il me fallut du tems pour les dépendre, pour les transporter chez moi, & pour les serrer dans ma caverne. Je n’eus pas plutôt fait toutes ces choses que les pluies commencèrent & durèrent depuis le quatorzième d’Août jusqu’à la mi-Octobre : il est bien vrai qu’elles se relâchoient quelquefois ; mais aussi elles étoient de tems en tems si violentes, que je ne pouvoir point bouger de ma caverne durant plusieurs jours.

Dans cette même saison l’accroissement soudain de ma famille me donna bien de la surprise. Il y avoit du tems que j’avois eu le chagrin de perdre un de mes chats, & je le croyois mort ; lorsqu’à mon grand étonnement il vint à mon logis escorté de trois petits, sur la fin du mois d’Août. Il est bien vrai que j’avois tué avec mon fusil une espèce d’animal, que j’ai appelé chat sauvage ; mais il me paroissoit tout différent de ceux que nous avons en Europe ; & mes petits chats étoient tout-à-fait semblables aux autres chats domestiques, & à mes deux vieux en particulier, qui n’étant qu’un couple de femelles, ne fournissoient à mon esprit que d’étranges difficultés sur cette multiplication. Mais cette race