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Les aventures

repassant par-dessus la haie une échelle, comme je faisois dans la première ; & dès-lors je me regardai comme un homme qui avoit deux maisons, l’une sur la côte pour veiller au commerce & à l’arrivée des vaisseaux ; l’autre à la campagne, pour faire la moisson & la vendange. Les ouvrages & le séjour que je fis dans cette dernière, me tinrent jusqu’au premier Août.

Je ne faisois que de finir mes fortifications, & de commencer à jouir de mes travaux, quand les pluies vinrent m’en déloger, & me chasser dans ma première habitation, pour n’en pas sortir si-tôt. Car quoique dans ma nouvelle je me fusse fait une tente avec une pièce de voile, & que je l’eusse fort bien tendue, comme j’avois déjà fait dans la vieille, toutefois je n’étois pas au pied d’en rocher haut & sans pente, qui me servît de boulevart contre le gros tems, & je n’avois pas derrière moi une caverne pour me retirer quand les pluies étoient extraordinaires.

J’ai déjà dit que j’avois achevé ma métairie au commencement d’Août, & que dès ce tems-là je commençois à en goûter les douceurs. Je dirai maintenant, pour continuer mon journal, qu’au troisième jour du même mois, je trouvai les raisons que j’avois suspendus, parfaitement secs, bien cuits au soleil, & en un mot, excellens ; c’est pourquoi je commençais à les ôter de dessus les arbres ;