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de Robinson Crusoé.


Je me voyois maintenant assez d’ouvrage sur les bras : il s’agissoit de cueillir du fruit & de le transporter ensuite dans mon habitation ; car j’avois résolus d’amasser une provision de raisins & de citrons pour me servir pendant la saison pluvieuse, que je savois bien qui approchoit.

Pour cet effet je fis trois monceaux, dont deux étoient de raisins & l’autre de limons & de citrons mêlés ensemble. Je tirai de chacun une petite portion pour l’emporter, & avec cela je pris le chemin de la maison, résolu de revenir au plutôt, & de me munir d’un sac ou de quelqu’autre meuble, tel que je pourrois trouver, pour enlever le reste.

Après mon voyage de trois jours, je me rendis chez moi : c’est ainsi que j’appellerai désormais ma tente & ma caverne. Mais avant que d’y arriver, mes raisins s’étoient brisés & écrasés à cause de leur grande maturité & de leur pesanteur, ensorte qu’ils ne valoient plus que peu de chose, pour ne pas dire rien du tout. Pour ce qui est des limons, ils se trouvèrent très-bons ; mais il n’y en avoit qu’un petit nombre.

Le jour suivant, qui étoit le 19, je retournais avec deux petits sacs, que j’avois faits, pour aller chercher ma récolte. Mais je fus surpris de voir que mes raisins que j’avois laissés la veille si appétissans & bien amoncelés, étoient aujour-