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Les aventures

que je m’étois façonné ; & prenant du fil de carrelet pour me servir de mèche, je trouvai le moyen de me faire une lampe, dont la flame n’étoit point si lumineuse que celle de la chandelle, & répandoit une sombre lueur. Au milieu de tous mes travaux, il m’arriva que, fouillant parmi mes meubles, je trouvai un sac, dont j’ai fait quelque mention, & qui avoit été rempli de grain pour entretenir de la volaille, non pas pour ce voyage, mais pour un précédent, qui étoit, comme je pense, celui de Lisbonne au Brésil : ce qui restoit de blé avoit été rongé par les rats, & je n’y voyois plus rien du tout que des cosses & de la poussière. Or comme j’avois besoin du sac pour autre chose, (& c’étoit si je ne me trompe, pour y mettre de la poudre, lorsque je la partageai de crainte des éclairs) je l’allai vider, & en secouer les cosses & les restes au pied du rocher, à côté de mes fortifications.

Cela arriva peu de tems avant les grandes pluies dont je viens de parler, & je fis si peu d’attention à ce que je faisois, lorsque je jetai dehors cette poussière, qu’après un mois de tems ou environ, il ne m’en restoit pas le moindre souvenir lorsque j’apperçus par ci par-là quelques tiges qui sortoient de la terre : je les pris d’abord pour des plantes que je ne connoissois point. Mais quelque tems après je fus étonné de voir dix