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Les aventures


Le 27. Je tuai un chevreau, & j’en estropiai un autre, que j’attrapai après, & que j’amenai en lesse au logis : dès que je fus arrivé, je raccommodai sa jambe cassée, & la lui bandai. Notez que j’en pris un tel soin, qu’il survécut, & devint bientôt aussi fort de cette jambe-là que de l’autre : mais après l’avoir gardé long-tems, il s’apprivoisa avec moi, & il paissoit sur la verdure, qui étoit dans mon enclos, sans jamais s’enfuir. C’est alors que me vint la premiere pensée d’entretenir des animaux privés, afin d’avoir de quoi me nourir, quand une fois ma poudre & mon plomb seroient consommés.

Le 28, le 29, & le 30 Décembre. Il fit de grandes chaleurs qui n’étoient modérées par aucun vent : il n’étoit pas possible d’aller dehors, sinon sur le tard, que j’allois chercher de quoi manger.

Le 1 Janvier 1660. Il fit encore grands chaud ; mais je sortis de grand matin & vers le soir avec mon fusil. Cette dernière fois, m’étant avancé dans les vallées qui sont à-peu-près au centre de l’Isle, je vis qu’il y avoit grande abondance de boucs ; mais ils étoient extrêmement sauvages & de difficile accès ; & je résolus d’essayer une fois d’amener mon chien, pour voir s’il ne les pourroit point chasser vers moi.

Le 2 . Je me mis en campagne avec mon chien, selon que j’avois projeté la veille, & je le mis