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Les aventures

que mes forces & les regles que je m’étois prescrites pour la distribution de mon tems me le permettoient. Je mis dix-huit jours à élargir & à allonger tellement ma caverne que je pusse y serrer commodément tous mes effets.

Notez que j’en fis un lieu assez spacieux pour me servir de magasin, de cuisine, de salle à manger, & de cellier ; pour l’appartement où je logeois ; c’étoit ma tente, si vous en exceptez certains jours de la mauvaise saison, auxquels il pleuvoit si terriblement que je n’y étois pas bien à couvert. Et c’est ce qui m’obligea dans la suite à tendre, sur tout cet espace qui renfermoit ma palissade, de longues perche en guise de chevrons, accoudées contre le roc, & de les couvrir de glayeuls, & de larges feuilles ; ce qui ressembloit assez à du chaume.

Le 10 Décembre. Je regardois déjà ma voûte comme achevée, lorsqu’il se détacha tout-à-coup une grande quantité de terre du haut de l’un des côtés, laquelle fit un tel fracas, que j’en fus extrêmement effrayé ; & ce n’étoit pas sans raison ; car si je me fusse trouvé dessous, je n’aurois de mes jours eu besoin d’un autre enterrement. J’eus beaucoup à faire pour reparer ce désastre ; car il me falloit premièrement emporter la terre qui étoit tombée, & ensuite, ce qui étoit plus important, il falloit étançonner la voûte, pour prévenir un accident pareil.