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de Robinson Crusoé.

n’ayant pas, ou ne sachant du moins pas qu’il y eût dans l’isle ni saule, ni osier, ni autre tel arbre dont les branches fussent propres à faire ces sortes d’ouvrages. Pour ce qui est de la brouette, il me sembloit que j’en viendrois bien à bout, excepté pourtant la roue dont je n’avois aucune notion, & pour la fabrication de laquelle je ne me sentois pas le moindre talent : d’ailleurs je n’avois rien pour forger l’essieu de fer qui doit passer dans le moyeu ; ainsi je fus obligé de me désister de ce dernier moyen ; & pour porter hors de ma caverne la terre que j’abattois en bêchant, je me servis d’un instrument assez semblable à l’oiseau dont se servent les manœuvres pour porter le mortier.

La façon de ce dernier instrument ne me coûta pas tant de peine, que celle de la pelle ; mais l’un & l’autre, joints à l’essai inutile que je fis pour voir si je pourrois venir à bout d’une brouette, ne me tinrent pourtant pas moins de quatre jours tout entiers, excepté ma promenade du matin, que je manquois aussi rarement de faire avec mon fusil, qu’à en revenir sans apporter au logis quelque chose de bon à manger.

Le 23 Novembre. Mon autre travail ayant été interrompu jusqu’ici, parce que je m’étois occupé à faire des outils, je le repris dès qu’ils furent achevés, travaillant chaque jour autant