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de Robinson Crusoé.

à un bout, l’autre à l’autre bout, & je demeurai de cette manière jusqu’à ce que la marée se fût abaissée, & qu’elle laissât mon train avec ce qu’il portoit, à sec & en toute sûreté.

Après cela, la première chose que je fis, ce fut d’aller reconnoître le pays, & de chercher un lieu propre pour ma demeure, de même que pour serrer mes effets, & les mettre en sûreté contre tout accident. J’ignorois encore si ce terrein étoit dans le Continent ou bien dans une Isle, s’il étoit habité ou inhabité, si j’avois quelque chose à craindre des bêtes sauvages, ou non. Il n’y avoit pas plus d’un mille de-là à une montagne très-haute & très-escarpée, qui sembloit porter son sommet par-dessus une chaîne de plusieurs autres, qu’elle avoit au Nord. Je pris un de mes fusils & un de mes pistolets, avec un cornet de poudre, & un petit sac de plomb ; armé de la sorte, je m’en allai à la découverte jusqu’au haut de cette montagne, où étant arrivé après beaucoup de fatigue & de sueur, je vis alors combien seroit triste ma destinée ; car je reconnus que j’étois dans une Isle, entourée par-tout de la mer, sans pouvoir découvrir d’autres terres, que quelques rochers fort éloignés de-là, & deux petites Isles beaucoup moindres que celle-ci, située à près de trois lieues à l’Ouest.

Je trouvai de plus, que l’Isle où je me voyois