Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
de Robinson Crusoé.

roquet, qui étoient de réserve, & deux ou trois grandes barres de bois : je pris la résolution de les mettre en œuvre ; & je lançai hors du bors tout ce qui n’étoit point trop pesant pour le pouvoir ménager ; les ayant séparément attachés à une corde, afin qu’ils ne dérivassent point. Cela fait, je descendis du côté du bâtiment, & les tirant à moi, j’en attachai quatre ensemble par les deux bouts, le mieux qu’il me fut possible, donnant à mon ouvrage la forme d’un radeau, & après y avoir posé en travers deux ou trois planches fort courtes, je trouvai que je pouvois bien marcher dessus ; mais qu’il ne pourroit pas porter une grosse charge, à raison de sa trop grande légereté. C’est pourquoi je retournai au travail, & avec la scie du charpentier je partageai une des vergues de beilles en trois pièces en longueur, & je les ajoutai à mon radeau après beaucoup de peine & de travail. Mais l’espérance de me fournir des choses nécessaires, me servoit d’aiguillon pour faire bien au-delà de ce dont j’aurois été capable en toute autre occasion.

Déjà mon radeau étoit assez fort pour porter un poids raisonnable ; il ne s’agissoit plus que de voir de quoi je le chargerois, & comment préserver cette charge de l’insulte des eaux de la mer ; mais je ne m’arrêtai pas beaucoup à cette considération, & d’abord je mis dessus toutes les