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de Robinson Crusoé.

chargé, néanmoins la manière dont le vaisseau avoit échoué, vu qu’il s’étoit enfoncé trop avant dans le sable, pour espérer de l’en dégager, rendoit notre situation véritablement déplorable, & il ne nous restoit plus qu’à voir si nous pourrions nous sauver. Un peu avant la tempête nous avions un bateau qui suivoit notre arrière ; mais en premier lieu il s’y étoit fait une fente à force de heurter notre gouvernail, & ensuite il s’étoit fracassé, & avoit ou coulé à fond, ou dérivé çà & là par la mer, en sorte que nous n’avions plus d’espérance de ce côté-là. Nous avions bien encore une chaloupe à bord, mais nous ne savions pas trop comment la mettre en mer : cependant il n’y avoit plus de tems à perdre ; car nous croyions à tout moment que le vaisseau alloit se dissoudre, & quelques-uns disoient qu’il étoit déjà entamé.

En même tems notre pilote prot la chaloupe ; le reste de nos gens se mit à le seconder, & à la fin on la descendit à côté du vaisseau : nous nous mîmes tous dedans, étant au nombre de onze personnes ; nous recommandâmes nos ames à la miséricorde divine, & puis abandonnâmes le reste au courroux des ondes. Car quoique l’orage se fût relâché considérablement, toutefois la mer s’élevoit à une hauteur épouvantable contre les terre ; & pour parler le langage des