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Les aventures

avantageux que l’étoit le mien. Je n’aurois pas cédé tout ce que je devois raisonnablement espérer d’un état florissant, & je n’aurois pas entrepris un voyage sur mer, pour y courir les risques ordinaires, sans compter en particulier les infortunes dont j’avois lieu de croire que j’étois personnellement menacé.

Mais on me pressoit, & j’aimois mieux suivre les fausses lueurs de ma fantaisie que les lumières de ma raison. Le vaisseau étant donc équipé, la cargaison embarquée, & toutes choses faites comme nous en étions convenus mes associés & moi, j’allai à bord, pour mon malheur, le premier Septembre mil six cent cinquante-neuf, qui étoit le même jour auquel je m’étois embarqué à Hull, huit ans auparavant, pour devenir rebelle aux ordres de mes parens, & traître à ma propre cause.

Notre vaisseau étoit d’environ cent vingt tonneaux, il portoit six canons & quatorze hommes, en y comprenant le maître, fort garçon & moi. Nous ne l’avions pas chargé d’autres marchandises que de quincailleries propres pur notre commerce, telles que des pièces de glaces, des coquilles, & sur-tout de petits miroirs, des couteaux, des ciseaux, des haches, & quelques matelas.

Le même jour que j’allai à bord, nous mîmes