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introduction

sort[1], la chronique de ce monastère prouve surabondamment qu’à la fin du xie siècle un romancier n’avait point encore songé à donner une suite au poème primitif sur Raoul de Cambrai, en faisant épouser à Bernier la fille de Guerri le Sor. De plus, elle nous met en garde contre une opinion de Colliette, l’historien du Vermandois[2], opinion adoptée par plusieurs érudits, notamment par le premier éditeur de Raoul de Cambrai[3], et suivant laquelle Bernier aurait embrassé la vie monastique et ne serait autre que Bernier, premier abbé d’Homblières, mentionné, au reste, par plusieurs chartes du cartulaire de cette abbaye : il n’y a certainement entre les deux personnages qu’une simple coïncidence de noms.

L’intrusion d’Ybert de Ribemont dans la famille comtale de Vermandois ne paraît point le fait du dernier poète qui remania le poème de Raoul : on peut induire de la chronique de Waulsort qu’elle remonte au xie siècle[4]. Une circonstance historique assez importante subsiste, malgré tout, dans la chanson de geste : c’est le nombre des fils Herbert qui défendent l’héritage paternel contre les tentatives de Raoul. Herbert II laissa, à la vérité, cinq fils et non pas quatre, mais le troisième d’entre

  1. Chronicon Valciodorense, p. 542 de l’édition in-4o.
  2. Histoire du Vermandois, I, 499. — Il faut rendre cette justice à Colliette qu’il s’est embrouillé supérieurement, non-seulement en ce qui concerne Bernier, mais aussi au sujet de Raoul, fils de Raoul de Gouy, en distinguant ce personnage d’un Raoul de Cambrai auquel il fait envahir le Vermandois en 945, c’est-à-dire deux ans après la mort de son homonyme (t. I, pp. 468 et 494).
  3. Li romans de Raoul de Cambrai et de Bernier, édit. Le Glay, p. 341.
  4. Du moins, l’auteur de cette chronique fait d’Ybert le frère du comte Herbert de Saint-Quentin et d’Eudes de Roye.