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LA SAUVEGARDE DU CANADA

Mais, ne vont pas manquer de s’écrier nos impérialistes à outrance, quel pitoyable loyalisme que celui qui repose uniquement sur l’intérêt ! Il ne tiendrait donc pas devant un conflit d’intérêts ? Certainement non. Et votre loyalisme sentimental tiendrait encore bien moins longtemps (se rappeler George Washington, Edward Carson, etc…). Dans une union de cette nature, c’est à chaque partie contractante de faire en sorte que l’autre partie n’ait pas de raisons sérieuses de rompre le contrat.

Dans le cas particulier qui nous occupe, si l’Angleterre trouve son avantage à garder sous sa suzeraineté les Canadiens-français, c’est à elle à ne pas les molester injustement ; de même que c’est leur devoir, à eux, de se montrer loyaux sujets, afin de ne pas donner à leur suzeraine de justes motifs de les priver des droits qu’elle leur a loyalement reconnus et dont les principaux sont : la reconnaissance de leur nationalité et le libre usage de leur langue maternelle.

Et c’est ici que l’insupportable bostonnisme de nos francophobes se montre, encore une fois, le pire ennemi de l’Angleterre. Car, ces gens-là s’appliquent, avec un zèle digne d’une meilleure cause, à dépouiller les Canadiens-français de ces droits qui sont la seule raison d’être de leur attachement à l’Angleterre. Entre eux et John Bull, je sais bien qu’il y a la même différence qu’entre un respectable gentleman et son roquet. Cependant, quelle que soit la respectabilité du maître, s’il laisse son roquet en liberté de japper après les visiteurs et de sauter aux mollets des gens de la maison, sa demeure acquerra vite la réputation d’une maison tout à fait inhospitalière et inhabitable. Les francophobes de l’Ontario, du Manitoba et d’ailleurs, ne sont, sans doute, que les roquets de l’Angleterre ; mais, ce sont des roquets absolument insupportables et qui devraient être solidement enchaînés, ou du moins sérieusement passés aux étrivières, afin de leur apprendre à respecter les mollets des amis et des gens de la maison. D’autant plus que ces insupportables dogues ne s’attaquent qu’aux amis de la maison et laissent toute liberté aux intrus américains pour cambrioler la maison par derrière.

Un autre des dangers qui hantent le cerveau maladif de nos francophobes, c’est la constitution d’une nation française