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L’IMMIGRATION

meilleur moyen de réparer leurs sottises passées soit de continuer à en commettre de nouvelles ?


L’imbroglio scolaire


Par leur absurde politique d’immigration, nos intelligents gouvernants ayant fait du Canada une vraie Babel, où ils ont rassemblé côté à côte les races les plus disparates et les moins faites pour s’entendre et se comprendre, ils sont tombés dans le plus profond étonnement en constatant que leur œuvre n’est pas tout ce qu’on peut rêver de mieux, en fait d’harmonie et de sympathie réciproque.

Devant ce ramassis disparate, des hommes d’État véritables auraient été bien embarrassés et auraient regardé comme absolument impossible la tâche d’en faire subitement une nation unie et homogène : « Il faut y aller doucement, et laisser faire le temps », n’auraient-ils pas manqué de dire… Mais, nos grrrands politiciens du Canada ne s’embarrassent pas pour si peu et ne sont pas gens, à jeter, comme cela, le manche après la cognée : « Ces gens-là ne comprennent rien aux institutions britanniques, et n’ont pas l’esprit canadien du tout », se sont-ils dit, en contemplant la bigarrure de leurs troupeaux d’immigrants : « Qu’à cela ne tienne : obligeons-les d’apprendre l’anglais et d’oublier leurs différentes langues maternelles. Après cela, ils seront d’aussi bons Canadiens que nous et se pâmeront d’admiration devant les libres institutions britanniques. » — Et, sans plus délibérer, sur le gâchis de l’immigration, nos gouvernants ont greffé l’« imbroglio scolaire ».

Toute cette question scolaire, telle que posée actuellement au Canada s’agite autour du faux principe de l’éducation d’État, de la confusion entre l’instruction et l’éducation et de la fausse impression où sont nos concitoyens anglais que, pour être un bon et loyal sujet britannique, il faut parler anglais et que, du moment que l’on parle anglais, on admire et on comprend nécessairement les institutions anglaises. Plus loin, nous disposerons de cette fausse impression des Anglo-Canadiens. Pour l’instant, contentons-nous du faux