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DANS L’OUEST

centres. Mais, bien que sous la juridiction de la Compagnie de la Baie d’Hudson, dont le siège central était à Londres, le pays n’en était pas moins considéré comme étant de langue française ; et tous les employés de la compagnie comprenaient et parlaient, plus ou moins bien, le français. Il est vrai que la plus grande partie de ces employés venaient de l’Écosse, pays où l’on a, semble-t-il, moins de vénération pour l’unilinguisme que dans la province d’Ontario.

Les rares écoles qui furent établies dans le pays, le furent uniquement par les missionnaires catholiques, qui n’avaient, pour les soutenir que ce qu’ils pouvaient tirer des privations qu’ils s’imposaient en ménageant les maigres ressources destinées à leur propre entretien. Ces écoles étaient naturellement toutes de langue française. Et si, autant qu’ils le pouvaient, les missionnaires y faisaient donner un cours d’anglais, ils le faisaient à leurs risques et périls et n’y étaient guère encouragés par les dirigeants de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Les choses étaient donc ainsi dans l’Ouest : les différents éléments de la population : anglais, français, métis, sauvages, vivaient en assez bon accord ; et si, parfois, quelques difficultés s’élevaient entre eux, la question des langues n’y était pour rien. Chacun ayant le désir bien naturel de se faire comprendre de ses voisins, tâchait d’apprendre le plus de langues qu’il lui était possible. Mais la langue française, étant la plus généralement parlée, était regardée comme la langue officielle du pays.

Jusqu’à l’époque où s’établit la Confédération canadienne dans l’Est du Canada, c’est-à-dire, jusque vers 1867, les sauvages, encore presque tous païens, se montraient fort peu endurants à l’égard des étrangers brouillons qui voulaient venir essayer de les embêter. Et cela explique que, jusqu’à cette époque, nos voisins de l’Ontario se soient prudemment abstenus de visiter les plaines de l’Ouest. Mais alors, les missionnaires français, aidés de l’influence des Métis et des Canadiens-français établis dans le pays, ayant converti la plus grande partie des Sauvages, leur avaient inspiré une humeur un peu plus hospitalière à l’égard des étrangers, même quand ces étrangers n’étaient pas tout à fait aimables.