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LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

d’Hudson. Mais ils eurent… l’habileté de savoir profiter des sympathies laissées dans le pays par les anciens traiteurs français. Ils présentèrent donc leur compagnie comme un établissement français, venant continuer la guerre aux Anglais. En conséquence, tout en mettant des Anglais à la tête des services principaux, ils n’envoyèrent dans l’Ouest, comme agents secondaires, que des Canadiens-français, et ils engagèrent tous les serviteurs des anciennes compagnies françaises qui, en grand nombre, étaient restés dans le pays après la dissolution de leurs anciennes maisons de commerce. Ce n’était peut-être pas très patriotique ; mais, commercialement, c’était très habile.

Aussi, pendant tout le temps que dura la lutte entre les deux compagnies, pour tous les Sauvages et les Métis du Nord-Ouest, il ne fut jamais question d’une concurrence commerciale entre deux maisons rivales : c’était tout simplement la guerre entre les Français et les Anglais qui recommençait, après avoir cessé pendant quelques années. Et, naturellement, les sympathies des anciens amis des Français allaient à la compagnie du Nord-Ouest, qui, au cri de : Vive la France ! faisait écharper les gens de la Baie d’Hudson avec autant de fureur qu’auraient pu le faire les Français les plus authentiques. Les partisans de cette dernière répondaient d’ailleurs en traitant tous les employés du Nord-Ouest comme s’ils avaient été de vulgaires Frenchmen. De part et d’autre, c’était, comme on le voit, du patriotisme à la Bostonnaise. Il se passa, du fait de ces deux compagnies anglaises, des scènes de sauvagerie comme il n’y en avait pas eu pendant toute la durée des guerres entre la France et l’Angleterre.

Finalement, les actionnaires des deux compagnies, constatant que toutes ces batailles, ces massacres et ces destructions produisaient un assez piètre résultat au point de vue financier, prirent le sage parti d’en venir à un arrangement. Elles se fondirent dans une seule compagnie qui, gardant le titre de Compagnie de la Baie d’Hudson, s’adjugea le monopole de la traite des fourrures et gouverna le pays, avec l’aide de chambres de notables qu’elle constitua dans les principaux