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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

pas, cher maître, dit Ulespiègle ; je voudrais bien savoir quel est le lard avec lequel vous avez piqué mes bottes. Est-ce d’une truie, ou d’un verrat ? » Le maître lui répondit en colère de laisser sa fenêtre tranquille. « Si vous ne voulez pas me dire quel lard c’était, dit Ulespiègle, je serai obligé de m’en aller et de demander à un autre. » Puis il se retira de la fenêtre. Le bottier était fâché contre son garçon, et lui dit : « Tu m’as conseillé pour les bottes, conseille-moi maintenant pour faire raccommoder ma fenêtre. » Le garçon ne répondant pas, le maître continua avec aigreur : « Qui est-ce maintenant qui s’est moqué de l’autre ? J’ai toujours entendu dire que celui qui est chargé de gens malicieux doit couper la courroie et les laisser aller. Si j’avais fait ainsi mes vitres ne seraient pas cassées. » Le garçon fut obligé de s’en aller, parce que le maître voulait qu’il lui payât ses vitres, puisqu’il lui avait donné le conseil de larder les bottes.



CHAPITRE XLVI.


Comment Ulespiègle vendit à un cordonnier de Wismar
des excréments gelés pour du suif.



On se souvient qu’Ulespiègle avait fait grand tort à un cordonnier de Wismar en lui gâtant beaucoup de cuir. Ce cordonnier en était très chagrin. Ulespiègle l’apprit et retourna à Wismar.