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introduction

à peine nécessaire d’insister sur la notoriété de cette grande forêt. Les Vies des trois saints qui l’ont habitée, saint Corentin, saint Guennolé, saint Ronan, en font mention avec détail, soit sous son vrai nom de Nevet, soit sous celui de Menner ou même sous celui de Nemée. Dans le Propre de Léon, saint Ronan habite « in Nemeam vastissimam Cornubiensium Silvam [1]. » Dans les Barzaz breiz [2], la légende du même saint porte :

Ronan......................
Kent e traon Leon, ha goude,
E Koat Nevet e bro Kerne [3].

En appliquant cette notion à l’explication du vers :

Juques Nyvet se sont acheminé,


on comprend très-bien la stratégie de la fin de la chanson. Charlemagne, s’appuyant sur la voie romaine qui allait de Carhaix à la ville d’Is, occupe la forêt entre le Mené-Hom et le continent ; il cerne son ennemi. Quand le Mené-Hom

  1. Vitæ SS. Corentini, Wenwaloei, Ronani, ap. Boll. 3 mart., 8 jun, 12 déc. ; A. Le Grand, p. 50, 287, 800.
  2. La Villemarqué, p. 478.
  3. Ronan [vint demeurer] d’abord dans une vallée de Léon, et puis, dans la forêt de Nevet, au pays de Cornouaille. — Cette forêt a également figuré dans l’histoire de Bretagne. Cf. D. Morice, Pr., I, 34, 368.