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introduction

Gardaine entourée par le Bidon, s’élevant au-dessus des marais, à la façon de l’Isle-Mer ou du Mont-Dol qu’il avait sous les yeux.

Il serait donc illusoire de chercher la situation de Gardaine. Il faut se contenter de la placer, avec les récits populaires, au milieu du lac, à l’endroit où s’entendait ce beugle [1], qui fait penser aux cloches de la ville d’Is.

Comment le trouvère a-t-il pu mêler à cette légende les noms du Bidon et de Dorlet, qui semblent réels, ou du moins que l’on peut retrouver. Pour le premier de ces noms, nous en voyons l’explication dans la transformation du cours du Bidon ou plutôt des bidans [2]. Le Bidon du XIIe siècle traversant les inextricables marécages de la Mare prêtait plus à l’imagination que le bief rectifié de Lillemer.

Quant à Dorlet, le château fort, l’Oregle de Gardaine, sa position sur un passage [3] est celle de Châteauneuf même, le point stratégique de la contrée, également au bord de la Mare.

  1. « Tout le monde a entendu parler du mugissement lugubre qui semble sortir du creux de cet abîme... Le peuple l’appelle le beugle de Saint-Coulman, et a forgé sur ce fait très-réel mille contes... » État de la baie du Mont St-Michel, par l’abbé Manet, 1829, p. 79.
  2. Cf. D. Lobineau, glossaire, vo bidannum, bief.
  3. V. 795.