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introduction

de l’engloutissement d’une ville. Le trouvère de Dol appelle cette ville Gardoine ou Gardaine, nom qu’il n’a peut-être pas inventé, mais dont la provenance nous est inconnue [1]. Si l’on a vu dans ces légendes de villes englouties au milieu des lacs le souvenir persistant des habitations lacustres, ici il faut donner à ces traditions une origine moins vague. À une époque historique, mais qu’il est impossible jusqu’ici d’indiquer avec certitude, la mer a envahi les marais de Châteauneuf, en faisant irruption du côté du bourg de Saint-Guinou. Cette inondation, dite crevée Saint Guinou [2], a laissé plus de souvenirs que les autres. La tradition veut qu’elle ait créé la mare Saint-Coulman en détruisant plusieurs centres de population. Cet événement est la partie vraie de la légende de Gardaine. L’auteur s’en est inspiré. Il s’est facilement figuré la fabuleuse

    sédée. D’après le président de Robien, qui en donne la carte en 1756, cette mare contenait encore 131 journaux 36 cordes ; les bruyères inondées, 138 journaux 77 cordes. Elle tarit pour la première fois en août 1802.

  1. En avons-nous la trace dans ce passage : « metailles deues sur deux bailliages en lad. paroisse (de Miniac-Morvan) ou petit angle nommé le Parc de Rigourdaine » (Aveu de Châteauneuf, cité plus haut). Il est singulier, en tout cas, de retrouver de ce côté de la Rance et sur le bord de la Mare le nom de cette seigneurie.
  2. Bibl. Nle, Cart. ep. Dolens., p. 6. — Notes, p. 170.