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introduction

n’accusent nullement la nationalité des ennemis.

Il n’en est pas ainsi du mot Norois, qui se trouve plusieurs fois dans Aquin pour désigner les adversaires des Bretons ; on ne le rencontre dans les textes que lorsqu’il y est question de nations septentrionales, Danois, Norvégiens ou Normands proprement dits [1]. Il est employé dans ce sens par le roman de Rou [2]. L’usage d’un mot d’un sens aussi spécial ne peut être expliqué que par un souvenir plus ou moins précis, mais réel, de la domination des hommes du Nord dans cette province. Les Norois de la chanson ont d’ailleurs l’habileté maritime des Normands [3].

Vont sanz paour au vant et à l’oré.

Cette réminiscence est amplement justifiée par l’histoire des invasions normandes en Bretagne. On s’étonnerait plutôt que ces fléaux n’aient laissé qu’une empreinte aussi effacée, si l’on ne voyait les guerres les plus barbares, celle des Saxons par exemple, aboutir aux récits chevaleresques les plus faibles.

On pourrait donc, quant à l’élément histo-

  1. Voir les citations de M. de Reiffemberg. (Ph. Mousket, I, 615.)
  2. Daneis manderent e Norreis. (Rou, 238.)
  3. V. 2145 et sts.