Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xliv
introduction

propriété des terres, marais, pêcheries de la paroisse de Cherrueix, citent : « Campus Trossebof quem dedit Rollandus archiepiscopus Garino Trossebof joculatori quamdiu viveret [1]. »

Ce Garin Troussebeuf, jongleur du XIIe siècle [2], récompensé par un archevêque de Dol avant 1181, prête à de légitimes conjectures. Rien ne permet cependant jusqu’ici de le rattacher avec certitude au poème d’Aquin.

Il nous reste à parler de l’auteur du remaniement. Il est plus facile de constater son existence que de se rendre compte de sa part d’action et, par suite, de sa personnalité. Il paraît s’être contenté de forcer le caractère pieux de la chanson, de l’enrichir de développements empruntés aux propres des saints du pays, tels que les deux légendes de saint Malo et de saint Servan qui sont d’une grande faiblesse. Il n’a pas modifié le thème lui-même. Il lui a fait subir l’allongement que nécessite la transformation de l’assonance en rime. La chanson a perdu en vigueur et en netteté, mais, par un bonheur qui est tout son intérêt, elle a con-

  1. D. Morice, Pr. I, 684, l. 24. D. Lobineau, II, 134, l. 27.
  2. On peut le croire contemporain de Roland III, élu archevêque en 1177. On peut aussi, il est vrai, le rejeter dans la première moitié du siècle en lui donnant pour bienfaiteur Roland II. — Cf. Gall. Chr., XIV, Eccl. Dolensis.